AGI - Au cours des onze premiers mois de 2025, 63.447 migrants sont arrivés par mer en Italie, un chiffre légèrement inférieur aux 63.537 enregistrés sur la même période de 2024 (–0,14%). Les niveaux restent toutefois nettement plus bas par rapport à 2023, lorsque les arrivées avaient concerné 157.651 personnes (–57,7%). Selon des données du ministère italien de l’Intérieur consultées par l'Agenzia Nova, la Libye demeure de loin le premier pays de départ vers l’Italie, avec 56.177 migrants partis majoritairement des côtes de Tripolitaine, contre 39.781 un an plus tôt (+41%).
La quasi-totalité des traversées à destination de l’Italie part de la Tripolitaine nord-occidentale, où opèrent les réseaux de passeurs les plus structurés.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au 22 novembre 2025, 25.231 migrants ont été interceptés et renvoyés en Libye, parmi lesquels 21.902 hommes, 2.191 femmes et 930 mineurs. Depuis le début de l’année, la route de la Méditerranée centrale a enregistré 568 morts et 619 disparus. En comparaison, l’année 2024 avait comptabilisé 21.762 migrants renvoyés en Libye, 665 décès et 1.034 disparus. À l’inverse, l’Est libyen n’envoie vers l’Italie qu’un nombre marginal de personnes: les départs de cette zone se dirigent surtout vers la Grèce, avec des trajets plus courts vers Gavdos et la Crète. Cette route a connu un pic durant l’été 2025, avec environ 5.000 arrivées. Le souvenir du naufrage de Pylos en 2023, qui avait causé des centaines de morts, rappelle le danger lié à l’usage de grands bateaux surchargés. Les arrivées grecques ont toutefois diminué récemment, dans un contexte de rapprochement sécuritaire entre Athènes et les autorités de Benghazi, même si la route demeure instable. Concernant l’Italie, la Sicile reste la principale porte d’entrée (53.629 arrivées), suivie par la Calabre (2.309), la Sardaigne (1.920), les Pouilles (1 .09) et la Toscane (1.073). Du côté des nationalités déclarées, le Bangladesh arrive en tête (19.283 migrants), devant l’Égypte (8.751), l’Érythrée (7.486), le Pakistan (4.284) et le Soudan (3.908).
Selon le dernier rapport trimestriel de la Displacement Tracking Matrix (DTM) de l’OIM, publié le 7 octobre, la Libye accueille actuellement 894.890 migrants provenant de 45 pays, chiffre en hausse de 3% par rapport au trimestre précédent et de 18% sur un an. Le pays reste ainsi un carrefour migratoire majeur: à la fois destination de travail, notamment dans l’agriculture et la construction, et point de transit vers l’Europe. L’OIM note que 90% des migrants proviennent de pays voisins — Égypte, Niger, Soudan et Tchad — et que les motivations économiques expliquent 83% des déplacements. La DTM constate également une hausse des entrées terrestres au troisième trimestre 2025, stimulée par la demande de main-d’œuvre dans l’Est du pays, engagé dans des chantiers de reconstruction après la tempête Daniel. D’après 349 observations de terrain et 426 entretiens, 47% des nouveaux arrivants ont transité par le Niger, 32% par l’Égypte, 11% par le Tchad et 7% par le Soudan. Les profils demeurent très jeunes et masculins: les hommes de moins de 30 ans représentent 84% des arrivées, les femmes moins de 1%. Près de trois quarts ont eu recours à des passeurs, pour un coût moyen de 416 dollars, et plus de 89% sont entrés par des points non officiels.
L’OIM relève enfin un usage accru des routes désertiques isolées et des déplacements nocturnes pour éviter les patrouilles. Près de la moitié des nouveaux arrivants n’a pas de projet migratoire défini : 40% envisagent de rester temporairement en Libye, tandis que 14% comptent poursuivre vers l’Europe.