AGI - L’Afrique est une priorité stratégique absolue, la Méditerranée un espace naturel pour le rayonnement géopolitique et économique de l’Italie, et le Moyen-Orient un terrain d’expérimentation pour une diplomatie qui mêle sécurité, énergie et reconstruction. Tel est le fil conducteur des déclarations faites ces derniers jours par le vice-président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, lors de réunions institutionnelles à la Farnesina et d'évènements publics consacrés à la politique étrangère et à la promotion économique.
Le message le plus clair a été transmis le 15 décembre, lors de la séance inaugurale de la 18ème Conférence des ambassadeurs, organisée à la Farnesina, siège du ministère des Affaires étrangères à Rome. À cette occasion, M. Tajani a plaidé pour un renforcement de la présence italienne en Afrique, axe structurel de la politique étrangère, soulignant que "la croissance de l’Afrique est notre croissance". Le ministre a cité les récentes missions au Sahel – notamment en Mauritanie, au Sénégal et au Niger, menées conjointement avec le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi – comme une confirmation d’une stratégie fondée sur des partenariats paritaires, sur une coopération concrète et un dialogue politique, y compris à travers le Plan Mattei pour l’Afrique, présenté comme un cadre à long terme. Dans ce même discours, Tajani a lié la dimension africaine à divers enjeux: la gestion des migrations irrégulières, la lutte contre les trafiquants d’êtres humains, la sécurité énergétique et alimentaire et la lutte contre le terrorisme, ainsi que l’ouverture de nouvelles ambassades, d’instituts culturels italiens et de bureaux d’agences d’internationalisation. Cette vision conjugue diplomatie politique, coopération au développement et soutien au système productif.
Cette approche a été exposée le 12 décembre à Rome, dans un message adressé à l'assemblée publique de Confindustria Assafrica & Mediterraneo, où M. Tajani a identifié l'Afrique et le Moyen-Orient comme des zones prioritaires pour l'action gouvernementale. Dans ce contexte, il a souligné le rôle central de la "diplomatie de la croissance", en présentant le plan d'exportations vers les marchés à fort potentiel et le rôle de l'Italie dans les grands corridors économiques, à commencer par Imec, destiné à relier l'Europe, l'Afrique du Nord, le Golfe et l'Indo-Pacifique. Ce plan promeut les ports italiens – principalement Trieste – comme plateformes logistiques stratégiques.
La Méditerranée s'affirme également comme un espace énergétique crucial. Le 15 décembre, lors de la session "L'Italie, plaque tournante géopolitique stratégique des routes énergétiques" de la Conférence des ambassadeurs, M. Tajani a défini l'Italie comme une plateforme énergétique potentielle pour l'Europe, insistant sur le lien entre sécurité énergétique, stabilité régionale et grands enjeux internationaux, du programme nucléaire iranien à la centrale électrique de Zaporijia en Ukraine.
Au Moyen-Orient, la conférence de la Farnesina a également servi de toile de fond à une rencontre bilatérale avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, le 15 décembre. Cette rencontre s'est conclue par la signature d'une déclaration commune sur Gaza. Rome et Berlin ont réaffirmé leur engagement humanitaire à l'approche de l'hiver et leur volonté d'être présents durant la phase de reconstruction, en s'appuyant sur le rôle des Nations Unies, des ONG et de la base onusienne de Brindisi, véritable plateforme logistique. Lors de la conférence de presse, M. Tajani a précisé que l'objectif politique de cet accord est d'affirmer la présence européenne dans l'après-guerre, notamment par l'implication du secteur privé.
Pour compléter le tableau, en s'exprimant aujourd'hui à Rome lors d'un événement organisé à l'Espace Europe – David Sassoli à l'occasion du prix Sakharov, M. Tajani a réaffirmé sa ligne de réalisme diplomatique: dialoguer avec tous ne signifie pas soutenir les régimes. Ce principe s'applique à l'Afrique, au Moyen-Orient et aux théâtres d'opérations les plus complexes, de la Russie au Venezuela: il se traduit par la défense des intérêts nationaux, des communautés italiennes à l'étranger et d'un rôle actif pour l'Italie dans les grands enjeux mondiaux.