AGI - Le décès du Pape François a suscité de profondes réactions dans le monde islamique et africain, qui ont rappelé son engagement infatigable en faveur de la paix et du dialogue interreligieux. De l'Arabie Saoudite à la Jordanie, en passant par l'Égypte et l'Irak, les plus hautes autorités politiques et religieuses ont exprimé leurs condoléances pour le décès du pontife, à l'âge de 88 ans. Le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie Saoudite ont envoyé des messages officiels de condoléances au Vatican. Ils ont également été rejoints par le roi de Jordanie, Abdallah II, qui a souligné comment le Pape François a “consacré sa vie à la justice et à la recherche de la paix”, laissant “un héritage spirituel et moral qui restera imprimé dans le cœur de millions de personnes”. Depuis le Caire, le grand imam d'Al Azhar, Ahmed el Tayyeb, a défini François comme "un symbole de l'humanité", saluant son rôle dans la promotion de la fraternité entre les peuples et les religions. Le grand imam a aussi évoqué la signature conjointe du “Document sur la fraternité humaine” à Abou Dhabi en 2019, considéré comme un tournant dans les relations entre chrétiens et musulmans. Pour le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le décès du Pape a été “une perte profonde pour le monde entier”, étant le pontife “une voix de paix, d'amour et de compassion” mais aussi “un champion de la cause palestinienne, défendant les droits légitimes et appelant à la fin du conflit”.
L'ayatollah chiite Ali al Sistani, guide spirituel irakien, a également rappelé la rencontre historique de 2021 à Najaf, lors du voyage apostolique du pape en Irak, en lui reconnaissant d’avoir “joué un rôle important dans la promotion de la coexistence et le soutien aux opprimés”. Depuis l'Iran, le président Masoud Pezeshkian a parlé d'une figure “dévouée à la paix, à la justice et à la liberté", exaltant sa ferme condamnation de la guerre à Gaza et son soutien aux civils palestiniens. Le guide suprême Ali Khamenei n’a encore publié aucune déclaration officielle. Le respect pour le pontife a également été exprimé par les dirigeants palestiniens tels que Hamas, qui l'a défini comme “'un des plus importants défenseurs des droits du peuple palestinien”. Plus contenues les réactions juives: si le Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a souligné “un pontificat marqué par le respect et l'ouverture”, l'ancien ambassadeur d'Israël en Italie Dror Eydar a sévèrement critiqué François, l'accusant d'antisémitisme pour certaines déclarations récentes sur la guerre à Gaza, qualifiées de “pamphlets sanglants contre Israël”.
En Afrique subsaharienne, des réactions émues sont venues de nombreux chefs d’État et de gouvernement. Le président sudafricain Cyril Ramaphosa a rendu hommage à “l'histoire de vie extraordinaire” de François et à son “souci des personnes et des groupes marginalisés”, tandis que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a espéré que “son héritage de compassion, d'humilité et de service à l'humanité puisse inspirer les générations futures”. Le président du Nigeria, Bola Tinubu, a déploré le décès d'un “champion infatigable des pauvres” et de la “voix la plus incisive” du monde contre le changement climatique. Pour le président du Kenya, William Ruto, sa mort a été “une grave perte pour les fidèles catholiques et le monde chrétien” alors que le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a parlé d'une "figure spirituelle d'une grande importance".
Un hommage solennel est venu de la part de la République démocratique du Congo, pays que le Pape a visité en janvier 2023: le président Félix Tshisekedi a cité le “vibrant témoignage de foi, d'humilité et d'engagement inébranlable pour la paix, la justice et la dignité humaine" de François et dans la capitale Kinshasa, les cloches des églises ont sonné à midi en mémoire du pontife. Des messages de condoléances ont également été exprimés par les dirigeants du Malawi, de Madagascar et de la Sierra Leone, tandis que le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, qui a souligné "l'engagement courageux du Pape sur le continent africain, amplifiant les voix des sans-voix, soutenant la paix et la réconciliation et montrant sa solidarité avec les personnes touchées par les conflits et la pauvreté".
Au cours de ses 12 années de pontificat, le Pape François a effectué cinq voyages apostoliques en Afrique, visitant dix pays au total. Le pontife s’est rendu pour la première fois dans le continent du 25 au 30 novembre 2015, visitant Kenya, Ouganda et République Centrafricaine. Deux ans après, les 28 et 29 avril 2017, le pontife a été en Égypte à la suite d'une quadruple invitation: du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, de Sa Sainteté le patriarche copte orthodoxe Tawadros II, du grand imam d'Al-Azhar, Cheikh Ahmed Al-Tayyeb, et du patriarche copte catholique Ibrahim Isaac Sidrak. François a visité l'Université Al-Azhar, la plus ancienne université islamique et la plus haute institution universitaire de l'islam sunnite. Par la suite, le pape François s'est rendu au Maroc, à l'invitation du roi Mohammed VI, avec qui il a signé un Appel pour Jérusalem, "afin que la Ville sainte soit préservée comme patrimoine de l'humanité et lieu de rencontre pacifique, notamment pour les fidèles des trois religions monothéistes".
Le dernier voyage apostolique du Pape François en Afrique s'est déroulé du 31 janvier au 5 février 2023 en République démocratique du Congo et Soudan du Sud. Le pontife a effectué son “pèlerinage de paix” avec l'archevêque de Canterbury Justin Welby et le modérateur général de l'Église d'Écosse, Iain Greenshields, lançant un appel sincère “contre la violence et la résignation” et “pour la réconciliation et l'espoir”. A son retour, ces discours prononcés lors de sa visite en terre congolaise ont été recueillis dans un vibrant livre intitulé “Ne touchez pas à l'Afrique !”. Selon les statistiques les plus récentes du Vatican, l'Afrique abrite environ 20% des catholiques du monde, la plupart résidant en République démocratique du Congo, au Nigeria, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya.